Chère moi, chère toi, chères nous.
Je ne sais pas quel âge tu as vraiment, quand tu t’es posé ces questions. Mais moi, j’ai 28 ans. Et cela fait 5 ans que j’accompagne les adultes que vous deviendrez, toi et tes camarades, à retrouver leur vraie destinée.
J’ai eu de la chance, j’étais une enfant têtue. Accrochée à ses rêves, obstinée comme jamais. Puis j’ai fait la rencontre au bon moment. La rencontre de ces mots, qui ont changé ma vie, et lui ont donné un sens. Celle de ne pas attendre la retraite pour faire ce que j’aimais vraiment.
Toi, depuis que tu es à l’école, on te demande « qu’est-ce que tu voudrais faire comme métier plus tard ? ». Quelle question hypocrite. Je me demande si les adultes qui la posent ont vraiment l’intention de te soutenir dans cette voie que tu auras choisie. Pensent-ils leurs réponses quand ils disent « ah c’est bien ! » ? Te disent-ils « ce n’est pas un vrai métier ça ! » quand ta réponse est hors du commun ? Sont-ils eux-mêmes heureux dans leur propre boulot ? Rien n’est moins sûr. Prends-moi au mot.
Car dans toutes ces belles réponses, eux, pour beaucoup, ont oublié la leur. Un jour, ils ont été habités par la peur et ont changé leur trajectoire. Pour des métiers plus sages, plus rémunérateurs.
Ils ont peu à peu oublié leurs rêves, les ont ensevelis sous des couches d’excuses, de manque de confiance. Ils ont été influencés par des personnes aigries, malheureuses dans leur vie, ou manquant sérieusement d’écoute, de confiance et d’empathie. Bien sûr, il y a aussi les accidents de la vie, mais ce n’est pas d’eux, dont je veux te parler aujourd’hui.
Il suffit d’une personne, comme au jeu du flipper, pour t’envoyer loin, très loin de tes rêves d’enfant. Et tes rêves d’enfant, sache-le, sont bien souvent les mêmes que tes rêves d’adulte. À peu de choses près.
Alors, chère toi, chère moi, chères nous, apprends à faire la différence entre quelqu’un qui t’écoute et quelqu’un qui s’écoute. La différence est subtile. Mais quelqu’un qui t’écoute est quelqu’un qui saura voir ton potentiel, qui saura comprendre tes rêves et mêler les deux pour t’aider à y parvenir. Quelqu’un qui s’écoute est quelqu’un qui saura voir ton potentiel mais n’arrivera pas à mettre ses propres peurs et son propre égo de côté et te donnera des conseils qui ne s’appliqueront qu’à lui.
Les gens qui t’écoutent sont rares, et la meilleure personne pour faire cela, c’est toi et d’abord toi.
L’influence des autres peut parfois faire des dégâts. Le professeur, la conseillère d’orientation, ton papa, ta maman, tes amis, toutes ces personnes d’autorité ne s’y prennent pas toujours bien pour te conseiller. Certains penseront vouloir ton bonheur en te guidant vers un métier à hautes responsabilités, mais ils ne verront pas que toi, ce que tu veux, c’est être libre de ton temps. Certains penseront vouloir ton épanouissement avec un métier stable et bien rangé, mais ils ne comprennent pas que toi tu as besoin de changement. Certains penseront que le bonheur et la réussite, c’est avoir plein d’argent. D’autres auront besoin de briller en société à travers leurs enfants. Et ils t’influenceront dans la mauvaise direction. Une direction qui est bonne pour eux. Et encore, c’est ce qu’ils pensent. Mais une direction qui te rendra malheureuse.
Car vois-tu, c’est là mon métier : réparer la trajectoire de toutes ces billes de flipper envoyées loin, parfois trop loin, de leur vraie destinée.
Toutes ont le même cheminement, qui commence par un rêve d’enfant.
Un rêve brisé ou enfoui, car ils ont fait confiance au mauvais conseil, au mauvais jugement. Ils ont voulu plaire, faire plaisir, ressembler, et se sont éloignés de qui ils étaient.
Ce qu’ils ignoraient, c’est que lorsque l’on n’est pas au bon endroit, on souffre. On souffre comme jamais. Ne pas être dans la vie qui nous ressemble est une souffrance. Faire quelque-chose qui n’est pas pour nous est un poids, un poids pour l’esprit, pour la joie et un poids pour le corps. Bientôt ce poids devient un poids pour les autres, ceux qui nous entourent et qui nous aiment, et qui voient cette joie en nous, peu à peu disparaître. Ces mêmes personnes, parfois, qui nous ont donné, sans le savoir, ce fameux mauvais conseil.
Un jour, la souffrance devient telle que toutes nos peurs deviennent plus petites qu’elle. La peur de quitter son travail, celle de changer de vie, de choisir un métier hors norme, de connaître l’instabilité, l’insécurité, les sacrifices. Changer devient une urgence, pour quitter cette p*** de souffrance.
Alors, ils viennent vers moi. Moi ou d’autres de mes consoeurs et confrères, pour les aider à retrouver leur vraie voie. Celle qu’ils auraient tant aimé dire et choisir quand on le leur a demandé.
Tous ont le même cheminement. Un rêve mis dans un flipper et perdu de vue. Tous veulent revenir à la source de cette déconvenue. Car le destin, sache-le, n’est jamais bien loin. Chaque fois que tu t’éloignes de lui, il revient discrètement te saluer, regarde bien. Il persévère, jusqu’à ce que tu daignes l’écouter, lui faire confiance et le suivre. Malheureusement, il est parfois bien tard, et ces maux dans ton corps finiront son travail.
Alors ensemble, nous démêlons, le fil de ces expériences pour tisser, sur-mesure, une vie faite de sens. Bien souvent, la réponse est évidente. Ce n’est pas le plus compliqué. Le plus dur, c’est de retirer toutes ces couches de (manque de) confiance qui ont enseveli l’évidence. C’est recycler la confiance que l’on a eue envers le mauvais conseil. La semer en soi, la nourrir et la faire grandir.
Tout le travail est là.
Il n’y a pas de mauvais métier, pas de mauvaise réponse quand on te demande ce que tu veux faire plus tard. Il n’y a que des manques de confiance pour respecter ta trajectoire.
Et si un jour tu te perds. Le chemin ne sera pas vain. Car tout du long, tu vas apprendre. À t’écouter, à te faire confiance, jusqu’à ce que tes forces soient suffisantes pour faire un pas de plus vers ton destin.
Et quand tu y seras, crois-moi, tu le sauras. Dans chacune de tes cellules, tu le sentiras.
Et ton travail, oh oui, ton travail sera le meilleur que tu n’auras jamais donné. Car quand on est dans sa zone de génie, dans sa zone de talent, dans sa zone de plaisir, alors l’efficacité, la qualité et la vitesse de progression sont imbattables.
Alors, chère toi, chère moi, chères nous, aie confiance en toi. Aie confiance en tes rêves. Autorise-toi à changer de voie si elle ne te convient pas ou plus. Autorise-toi à penser à toi avant tout. Autorise-toi à te donner une chance. Autorise-toi à t’écouter.
Et si tu écoutes les autres, retiens bien cela : ce n’est pas eux, au final, qui vivront ta vie.
Ce n’est pas eux qui vivront ta vie.